1913

Victor Berard
et Fred Boissonnas

 

2000

Dominique Roux
et Daniela Kleeberg

Dans le sillage d’Ulysse

Album Odysséen
Victor Berard et Fred Boissonnas

Le Voyage Odysséen (1913)

En 1913, Victor Bérard, helléniste Français (1864-1931), commande à Fred Boissonnas, photographe Genevois (1858-1946), une série de vues sur la Méditerranée. Ensemble, ils sillonnent la mer et ses rivages sur les traces d’Ulysse. Ce voyage, pensé par Victor Bérard, mais inspiré en grande partie par les géographes de l’Antiquité, n’est qu’un itinéraire possible, dans un certain décor: les paysages méditerranéens. Ensemble, l’historien et le photographe ont su offrir une fiction d’images, qui réinvente avec leur vision, un espace autre que littéraire: une fiction de pays, qui métamorphosa le poème d’Homère, dans les lieux d’une rêverie toujours renouvelée.

Ce voyage donna lieu d’abord à la publication des « Navigations d’Ulysse »: 4 tomes sans photographie où Bérard confronte le texte d’Homère, les découvertes archéologiques, les Instructions nautiques, les cartes et ses propres notes de voyage pour établir une géographie possible des navigations d’Ulysse.
Les photographies de Boissonnas devaient constituer le 5ème volume. Il fut publié après la mort de Bérard en 1933 par son fils aux éditions Armand Colin, sous le titre « Dans le sillage d’Ulysse: Album Odysséen », puis réédité en 1974.

Sur les traces de Victor Berard et Fred Boissonnas

L’album Odysséen (2000)

Refaire le périple d’Ulysse a toujours été notre rêve…

Nous l’avons en partie réalisé en 1988 en faisant par mer le convoyage d’un voilier de la côte française jusqu’à Ithaque, via la Sardaigne (Lestrygons), la côte italienne (le Cyclope, l’île de Circé), le passage entre Charybide et Scylla), les îles Éoliennes (le Stromboli), les îles ioniennes.
 
C’est en rentrant de ce voyage très marqué par la lecture d’Homère dans la belle traduction de Victor Bérard que nous sommes tombés sur l’édition originale de « Dans le sillage d’Ulysse : Album odysséen » et les superbes photographies de Fred Boissonnas datant de 1913.
 
De ce jour date l’idée de refaire leur voyage et de retrouver les points de vue repérés par Bérard et photographiés par Boissonnas. Plaisir de remettre nos pas dans ces illustres prédécesseurs comme ils les avaient remis dans les pieds d’Ulysse.
Le jeu était d’autant plus tentant que Boissonnas avait précisément localisé toutes ses photographies exactement comme s’il nous invitait à revenir sur les lieux du drame odysséen.
 
Trois années de travail… ou plutôt de vacances (étés 1998 à 2000) pour retrouver près d’une centaine de points de vue et constater soit la permanence des lieux, leurs transformations liées à l’urbanisation, aux tremblements de terre et autres changements géologiques et climatiques ou leurs disparitions.
 
Mais comme pour tout jeux nous avons décidé d’y mettre une règle: tout d’abord le choix de la photographie couleur qui n’existait pas à l’époque de Boissonnas et qui permettait d’actualiser la vision du premier voyage. Ensuite dans la mesure du possible retrouver l’exact point de vue et de respecter les cadrages de Boissonnas même au détriment de la propre composition de nos photographies. Quand pour une raison ou pour une autre (constructions, changements de la végétation, impossibilités diverses) nous n’avons pu retrouver le même point de vue nous avons interprété au plus proche de la vision de Boissonnas.
 
Ce plaisir que nous avons pris sur les rives de notre méditerranée nous souhaitons aujourd’hui le faire partager avant tout pour faire connaître cette fabuleuse complicité entre deux grands personnages, un Helléniste et un photographe qui tout en étant très différents se sont reconnus dans leur passion commune pour l’Odyssée, mais aussi comme une invitation lancée à chacun de refaire ce voyage de l’éternel retour…

 

Extraits de la série

 » Ma demeure d’lthaque est perchée comme une aire, sous le Nérite aux bois tremblants, au beau profil. Des îles habitées se pressent tout autour, Doulichon, Samé, Zante la forestière ;; mais, au fond du noroît, sur la mer, mon Ithaque apparaît la plus basse, laissant à l’est et au midi les autres îles. « 

(Odyssée IX, 21-­26)

Ithaque et Samé la Haute
Vue prise du Cap Glarentza;; à droite Ithaque, dont les montagnes paraissent peu èlevées à côté des hautes cimes de Céphalonie qu’on aperçoit à gauche. On distingue, séparés par une dépression, les deux massifs montagneux dont se composent Ithaque, le Nérite et le Neion de l’Odyssée.

 » Remontés à leur bord, les prétendants voguaient sur la route des ondes et déjà, dans leurs cœurs, ils voyaient Télémaque accablé de leurs coups. Il est en pleine mer, dans la passe entre Ithaque et la Samé des Roches, un îlot de rochers, la petite Astéris devant les Ports Jumeaux avec leurs bons mouillages. C’est là que, pour guetter leur homme, ils s’embusquèrent. « 

(Odyssée IV 842-­848)

L’Tlot d’Astéris: Dascalio

Vue prise depuis le canal d’Ithaque en direction
du Sud

Le Port de Télémaque: Port Saint-­André

Il s’ouvre à la pointe sud d’Ithaque et offre un abri aux
navires qui ne peuvent remonter le canal.
C’est là qu’Athéna conseille à Télémaque d’aborder pour échapper à l’embuscade des prétendants qui croisent dans les parages d’Asréris. Vue prise au fond du port, dans le lointain la côte de Céphalonie

 » ll faudra tout d’abord t’en aller chez Eumée, le chef de tes porchers : il te garde son cœur ; il chérit ton enfant, ta sage Pénélope ; c’est près de ses pourceaux que tu le trouveras. « 

(Odyssée XTTT, 403-­406)

La Pierre aux corbeaux: Marathia

Vue de la falaise abrupte qui termine au Sud-­Est le plateau de Marathia. C’est la Grand’Pierre dont Ulysse parle à Eumée au chant XIV de l’Odyssée.

 » En route ! va devant ! mène-­moi jusqu’au bout !. Mais encore un cadeau : tu dois bien avoir là un bâton de coupé ; il me faut un appui ; vous disiez que la route est plutôt un glissoir. « 

(Odyssée XVII, 194-­197)

Aréthuse et le sentier en corniche

Vue prise non loin de la source Parapigadi

 » Sache que notre maître avait la vie très large : ni sur ce continent, dont la côte noircit, ni dans Ithaque même, aucun autre héros n’avait aussi grand train ! ils se mettraient à vingt sans égaler son bien « 

(Odyssée XTV 96-­99)

Vue prise de la Pierre du Corbeau

Sous les branches du vieil olivier, par delà le dernier cap d’Tthaque, on aperçoit dans la brume la côte de Leucade et les montagnes d’Acarnanie.

 » Le Vieillard de la mer, Phorkys, a dans les champs d’lthaque un de ses parts : Deux points avancées, qui dressent face à face leurs falaises abruptes, rejettent au-­ dehors les colères du vent et de la grande houle ;; au-­ dedans, les rameurs peuvent abandonner leur vaisseau sans amarre, sitôt qu’ils ant atteint la ligne du mouillage. « 
(Odyssée XIII, 96-­101)

Port de Phorkys : Port Vathy

Vue prise des hauteurs au Sud-­Ouest du port. A gauche, le goulet étranglé entre les collines. A droite, au fond du port, les maisons de Vthy, capitale actuelle de l’île.

 » Nous eûmes vite atteint l’endroit, d’ailleurs tout proche, où, sur le premier cap et dominant la mer, s’offrait à nos regards une haute caverne, ombragée de lauriers. Elle servait d’étable à des nombreux troupeaux de brebis et de chèvres. « 

(Odyssée IX, 181-­184)

La montée chez le Cyclope

Vue prise en direction du Sud-­Ouest sur le vallon qui descend de la cour du Cyclope à l’anse Basilico. Au second plan, Nisida.

 » C’est là que notre monstre humain avait son gîte ; c’est là qu’il vivait seul, à paître ses troupeaux, ne fréquentant personne, mais toujours à l’écart et ne pensant qu’au crime.

(Odyssée !X, 188-­190)

L’Antre du Cyclope

Intérieur de l’énorme caverne qui s’ouvre dans le flanc de la montagne et qu’on appelle maintenant par erreur Grotte de Séjan

« Jadis, ils habitaient Hauteville en sa plaine;; mais
près d’eux ils avaient les Cyclopes altiers »

(Odyssée V 4-­5)

Hypérie: Cume vue de la mer

Construite sur sa butte inaccessible, l’ancienne ville des Phéacien méritait bien son nom d’Hypérie, « Hauteville ».
Au premier plan, on aperçoit les blocs d’un môle moderne.

 » Eole en son manoir nourrit ses douze enfants, six filles et six fils qui sont à l’âge d’hommes : pour femmes, à ses fils il a donné ses filles et tous, près de leur père et de leur digne mère, vivent à banqueter. « 

(Odyssée X, 5-­8)

Stromboli: La côte et le volcan

Stromboli : la côte et le volcan. Vue prise au Nord-­Ouest de l’île.

 » .Circé aux belles boucles, une sœur d’Aiétès aux perfides pensées : tout deux doivent le jour au Soleil des vivants, qui les eut de Persé, la nymphe océanide. « 

(Odyssée X, 136-­139)

Monte Circeo vu des Marais

Au premier plan les Marais Pontins, au loin, le profil du Monte Circeo et à l’horizon, sur la mer, la silhouette des îles Ponza. Vue prise des premières pentes du Monte Leano.

 » Nous arrivons au cap, et, sans bruit, nous poussons jusqu’au fond du mouillage : un dieu nous pilotait ;; sans tarder, l’on débarque et, deux jours et deux nuits, nous restons étendus, accablés de fatigue et rongés de chagrin. « 

(Odyssée X, 140-­143)

L’ancienne entrée du port

L’ancienne entrée du port, que les sables ont envahie maintenant, de même qu’ils ont comblé une partie de la lagune. Au pied de la tour Paola, c’est à grand peine qu’on maintient, pour l’écoulement des eaux, un étroit canal.

« Quand vous aurez atteint le Petit Promontoire, le bois de Perséphone, ses saules aux fruits morts et ses hauts peupliers, échouez le vaisseau sur le bord des courants profonds de l’Ocean. »

(Odyssée X, 509-­511)

Le Lucrin et le Pays des morts

Vue prise des pentes du Monte Nuovo. Au loin dans la mer, le profil du cap Misène, et, plus près, le cap de Baïes, le Petit Promontoire. Entre les troncs des pins parasols, le lac Lucrin et la plage de sable.

 » Ce peuple vit couvert de nuées et de brumes, que jamais n’ont percées les rayons du Soleil, ni durant sa montée vers les astres du ciel, ni quand, du firmament, il revient à la terre : sur ces infortunés, pèse une nuit de mort. « 

(Odyssée Xl, 15-­18)

Le lac Averne

Les eaux mortes de l’Averne, au fond de leur œil
volcanique.

 » Tl vous faudra d’abord passer près des Sirènes. Elles charment tous les mortels qui les approchent. Mais bien fou qui relâche pour entendre leurs chants ! Jamais en son logis sa femme et ses enfants ne fêtent son retour : car, de leurs fraîches voix, les Sirènes le charment, et le pré, leur séjour, est bordé d’un rivage tout blanchi d’ossements et de débris humains, dont les chairs se corrompent.Passe sans t’arrêter ! « 

(Odyssée XTT, 39-­46)

L’archipel des Sirènes: Les Galli

Vue prise de l’Ouest, non loin de Vivaro. A droite on aperçoit l’îlot la Rotonda et à gauche, Gallo Lungo, qui se trouve partiellement masqué par la Castelluccia.

 » L’autre route vous mène entre les Deux Ecueils. L’un, dans les champs du ciel, pointe une cime aiguë, que couronne en tout temps une sombre nuée, et rien ne l’en délivre. « 

(Odyssée XTT, 73-­76)

Skylla

La côte calabraise du détroit de Messine, au milieu de laquelle se détache le rocher carré de Skylla.

 » Aucun homme mortel, quand bien même il aurait vingt jambes et vingt bras, ne saurait ni monter ni se tenir là-­haut ;; la roche en est trop lisse ;; on la croirait polie. « 

(Odyssée XTT, 77-­80)

Le Rocher de Skylla

Vue prise au pied du rocher

 » Nous entrons au Port Creux et nous allons mouiller le solide vaisseau en face des Eaux Douces, où mes gens débarqués se hâtent d’apprêter en maitres le repas. « 

(Odyssée Xll, 304-­307)

Le Port Creux: Messine

La rade de Messine est protégée par une immense langue de terre en forme de faucille. La colonie de Zancle s’y fonda plus tard, mais au temps homériques, elle offrait aux marins de passage une escale dangereuse pour peu que les vents et les courants contraires en interdisent la sortie.

 » Or, un jour, pour prier, j’avais quitté la grève, avec l’espoir qu’un dieu viendrait me révéler le chemin du retour. J’étais monté dans l’ile et, sans plus voir mes gens, je m’étais, à l’abri du vent, lavé les mains, pour invoquer chacun des maîtres de l’Olympe. « 
(Odyssée Xll, 333-­337)

Naxos vu de Taormine

Pour les marines primitives, qui cherchaient sur la côte de Sicile un reposoir, le promontoire de Naxos offrait une escale plus commode que l’immense rade du Port Creux. Au premier plan, les ruines du théâtre de Taormine, au loin, s’avançant dans la mer le promontoire de Naxos.

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