Sténopé-Masques
Traînes de masques au pays des dieux
Pourquoi troubler les dieux au pays de l’Attique? Pourquoi joncher au sol ou exposer vaillament sa tête endormie (morte) au centre de la scène?
Voyageur, on ne trouble pas sans être impuni la sérénité séculière. On ne trangresse pas sans risque la loi divine. Or le risque est beau. J’entends tonner Zeus à Olympie. Je suis sourd aux cyprès et aux cigales.
On ne s’immisce pas sans bruit au sein du paysage princeps. Plus grande est l’injure, plus grave sera la blessure. Ne sais tu pas qu’il ya péril ontique à montrer sans pudeur et de manière répétée sa propre face au monde? Même si ce n’est qu’un masque, il fonde la personne. Le masque se souvient, il simule la dissimulation de l’être. Il démasque en somme. Ici les dieux ignorent encore le pardon et n’en font qu’à leur tête. Ils acceptent toutes les offrandes.
Souviens toi de Narcisse. Souviens toi du temps circulaire et de l’instant crucial. Voyageur, souviens toi de ta propre mort. Ici règne l’oubli de l’être qui s’oublie. Tu crois que le don d’ubiquité est infini. Tu reposes en paix dans l’espace de ton propre destin.
Ta tête, bloc erratique, objet capital, vient parfaire Zeuxis.. Voyageur, tu entres, tu vois,
tu sors. Traînes de masques au pays de nos dieux.
Michel Roca