VOYAGES STENOPEIQUES
Sténopé-Masques
On sait que pour former une image sur la paroi postérieure d’une chambre noire, l’objectif n’est pas essentiel et qu’il peut être remplacé par un petit trou ou « sténopé ». Les photographies que l’on peut obtenir ainsi sont une excellente démonstration de la formation des images. Le sténopé m’intéresse tant du point de vue de l’espace qu’il ouvre à l’infini que du temps (temps de pose très long qui élimine tout ce qui bouge pour ne conserver que la pérennité des choses). C’est un outil « pauvre » de pure contemplation (pose) au contraire de l’appareil photo qui est un outil de captation /prédation /consommation (instantané).
Traînes de masques au pays des dieux
Pourquoi troubler les dieux au pays de l’Attique? Pourquoi joncher au sol ou exposer vaillament sa tête endormie (morte) au centre de la scène?
Voyageur, on ne trouble pas sans être impuni la sérénité séculière. On ne trangresse pas sans risque la loi divine. Or le risque est beau. J’entends tonner Zeus à Olympie. Je suis sourd aux cyprès et aux cigales.
On ne s’immisce pas sans bruit au sein du paysage princeps. Plus grande est l’injure, plus grave sera la blessure. Ne sais tu pas qu’il ya péril ontique à montrer sans pudeur et de manière répétée sa propre face au monde? Même si ce n’est qu’un masque, il fonde la personne. Le masque se souvient, il simule la dissimulation de l’être. Il démasque en somme. Ici les dieux ignorent encore le pardon et n’en font qu’à leur tête. Ils acceptent toutes les offrandes.
Souviens toi de Narcisse. Souviens toi du temps circulaire et de l’instant crucial. Voyageur, souviens toi de ta propre mort. Ici règne l’oubli de l’être qui s’oublie. Tu crois que le don d’ubiquité est infini. Tu reposes en paix dans l’espace de ton propre destin.
Ta tête, bloc erratique, objet capital, vient parfaire Zeuxis.. Voyageur, tu entres, tu vois,
tu sors. Traînes de masques au pays de nos dieux.
Michel Roca